Imaginez votre cheval, habituellement vif et énergique, soudainement affaibli, souffrant de coliques atroces. Ce cauchemar, malheureusement trop fréquent, pourrait être évité grâce à une alimentation appropriée. Une mauvaise nutrition est responsable de nombreux problèmes de santé chez les équidés, impactant fortement leur performance, leur bien-être, et réduisant considérablement leur longévité.
Erreurs liées à la quantité et à la qualité de l'alimentation du cheval
Un apport nutritionnel précis et équilibré est crucial pour la santé du cheval. Un excès ou une carence, même légère, peuvent avoir des conséquences dramatiques à court ou long terme. La qualité du fourrage est un facteur clé, ainsi que la prise en compte des besoins spécifiques en fonction de l'âge, de la race, de l'activité et de l'état de santé de l'animal.
Suralimentation et sous-alimentation équine
La suralimentation, particulièrement fréquente chez les chevaux au repos ou peu actifs, conduit à l'obésité, favorisant des maladies graves comme la fourbure (maladie des pieds gravement invalidante et potentiellement mortelle) et divers troubles métaboliques, notamment le syndrome métabolique équine (SME). Certaines races, comme le Shetland ou le Haflinger, sont particulièrement prédisposées. À l'inverse, une sous-alimentation chronique provoque amaigrissement, carences nutritionnelles sévères, affaiblissement du système immunitaire, augmentant la vulnérabilité aux infections et réduisant la performance sportive.
Un cheval adulte, actif, nécessite environ 15 à 20 kg de foin de bonne qualité par jour, en plus de concentrés, selon sa taille, son poids, son travail et sa condition corporelle. Un cheval de trait aura des besoins énergétiques différents d'un cheval de course.
Pour une estimation plus précise des besoins énergétiques, consultez ce tableau simplifié, mais rappelez-vous qu'une consultation vétérinaire est essentielle pour adapter la ration précisément à votre cheval.
Poids du cheval (kg) | Niveau d'activité | Besoins énergétiques approximatifs (Mcal/jour) |
---|---|---|
450 | Repos complet | 12-15 |
500 | Travail léger (balades régulières) | 15-18 |
600 | Travail modéré (dressage, saut d'obstacles) | 18-22 |
700 | Travail intense (compétition sportive) | 22-25+ |
Les besoins énergétiques varient également en fonction de la température ambiante : un cheval aura besoin de plus d'énergie en hiver qu'en été.
Qualité du fourrage et risques associés
La qualité du fourrage, principalement le foin, est un facteur déterminant de la santé du cheval. Un foin de mauvaise qualité, moisis ou contaminé, est une source majeure de problèmes de santé. Il doit être analysé régulièrement pour vérifier sa teneur en protéines (idéalement entre 8 et 12%), en fibres (au moins 25%), et en minéraux. Des moisissures peuvent produire des mycotoxines, extrêmement dangereuses pour le système respiratoire et le foie du cheval, pouvant entraîner des maladies chroniques. Un cheval adulte de 500 kg devrait consommer entre 10 et 15 kg de foin de bonne qualité par jour, à ajuster en fonction de son activité physique.
- Couleur : Vert foncé, sans taches brunes ou jaunes indiquant une fermentation excessive ou une moisissure.
- Odeur : Fraîche, herbacée, sans odeur de moisi, d'ammoniac ou de fermentation désagréable.
- Texture : Souple, feuilles entières, sans tiges dures ou cassantes, indiquant une récolte et un stockage de qualité.
- Analyse du foin : Le coût d'une analyse de foin varie entre 30 et 60 euros et est un investissement indispensable pour garantir la bonne santé de votre cheval.
Déséquilibres nutritionnels : carences et excès
Des carences ou des excès en calcium, phosphore, protéines, vitamines (A, D, E, K) et minéraux (zinc, sélénium, cuivre, magnésium) peuvent entraîner divers troubles. Par exemple, un manque de calcium affecte gravement le développement osseux et peut provoquer des problèmes articulaires, une ostéoporose ou des fractures. Un excès de protéines peut surcharger les reins et provoquer des troubles urinaires. Un apport quotidien adapté en vitamines et minéraux est indispensable, et une analyse de sang peut aider à identifier les déficiences.
- Calcium et phosphore : Un déséquilibre peut entraîner des problèmes osseux et dentaires.
- Protéines : Un excès peut surcharger les reins. Un manque peut causer une perte de masse musculaire.
- Vitamine E : Essentielle pour la santé musculaire et le système immunitaire.
- Sélénium : Important pour la fonction musculaire et la reproduction.
Gestion de l'alimentation et erreurs courantes
Même avec une alimentation de qualité, une mauvaise gestion peut nuire à la santé du cheval. Une transition alimentaire progressive, l'accès à l'eau, et l'utilisation raisonnée de compléments sont des facteurs clés.
Gestion du pâturage : prévention des problèmes
Un accès illimité au pâturage, surtout pour des chevaux peu actifs ou prédisposés, engendre de l'obésité, des coliques et une forte prédisposition à la laminite (inflammation douloureuse des tissus du pied, pouvant entraîner une boiterie chronique et invalidante). Il est impératif de contrôler le temps de pâturage et d'adapter la ration de foin en conséquence. La rotation des pâtures est essentielle pour maintenir la qualité de l'herbe et prévenir le surpâturage, ce qui améliore aussi la gestion parasitaire.
La surface de pâturage recommandée varie selon la taille, le nombre de chevaux et la qualité de l'herbe, mais en général, un hectare peut accueillir environ un cheval adulte de taille moyenne, avec une gestion appropriée. Il faut aussi prendre en considération la composition botanique de la prairie pour éviter l'ingestion de plantes toxiques.
Transitions alimentaires graduelles
Changer brutalement d'alimentation provoque très souvent des troubles digestifs sévères et des coliques, parfois mortelles. Il faut impérativement introduire de nouveaux aliments graduellement sur plusieurs semaines, en augmentant progressivement les quantités. Ceci permet à l'appareil digestif de s'adapter doucement et d'éviter tout choc.
Accès à l'eau : un facteur vital
Un accès constant à de l'eau fraîche et propre est fondamental. La déshydratation affecte les performances, la digestion, et la santé générale du cheval. Un cheval adulte peut boire jusqu'à 50 litres d'eau par jour, voire plus en fonction de la température ambiante, de l'effort physique et du type d'alimentation.
Suppléments alimentaires : utilisation prudente
L'utilisation de suppléments doit être justifiée par un diagnostic vétérinaire ou nutritionnel. Un excès de compléments peut être aussi nocif qu'une carence. Il est essentiel de respecter scrupuleusement les doses recommandées et de choisir des produits de qualité, adaptés aux besoins spécifiques de votre cheval.
Il faut rappeler que l'autoprescription de compléments alimentaires est fortement déconseillée. Un suivi régulier par un vétérinaire et/ou un nutritionniste équin permet d'adapter l'alimentation en fonction de l'évolution des besoins du cheval, en particulier chez les chevaux sportifs ou les chevaux âgés.
Une alimentation équilibrée, adaptée aux besoins spécifiques de chaque cheval, avec un suivi vétérinaire régulier, est la clé d'une bonne santé, d'une performance optimale et d'une longue vie pour votre compagnon équin.